1.2. "Révolution de la Dignité" (18-23 février 2014)

La "Révolution de la Dignité" (Ukrainien romanisé: Revoliutsiia hidnosti), également appelée "Révolution de Maidan" ou encore "Révolution ukrainienne de 2014", a eu lieu en Ukraine entre les 18 et 23 février 2014, à la fin des manifestations de l'Euromaïdan, lorsque des affrontements meurtriers entre les manifestants et les forces de l'Etat dans la capitale Kyiv ont abouti à l'éviction du président élu Viktor Yanukovych par le Parlement ukrainien, et à un retour à la Constitution de 2004. Tous ces évenements ont conduit directement à l'invasion et à l'annexion de la Crimée par la Russie, respectivement les 1er et 8 mars 2014, à l'intervention militaire russe dans le Donbass, en soutien des deux entitées séparatistes pro-russes de Donetsk et de Luhansk, rassemblées en Novorossia ["Nouvelle Russie"], et finalement au déclenchement de la guerre russo-ukrainienne de 2014-2022 dans le Donbass, le 7 avril 2014.

Le 21 novembre 2013, une vague de manifestations à grande échelle, connue sous le nom Euromaidan, a débuté en réponse à la décision soudaine du président ukrainien pro-russe Viktor Yanukovych de ne pas signer un accord d'association politique et de libre-échange économique avec l'Union Européenne (UE), préférant resserrer les liens avec la Russie. Au début de cette année 2013, la Verkhovna Rada (Parlement ukrainien) avait approuvé à une écrasante majorité la finalisation de l'"Accord d'association" avec l'UE. La Russie a alors fait pression sur l'Ukraine pour qu'elle le rejette. La portée des manifestations s'est élargie, avec des appels à la démission de Yanukovych et du gouvernement Azarov. Les manifestants ukraniens se sont opposés à ce qu'ils considéraient comme une corruption généralisée de leur gouvernement et un abus de pouvoir, à l'influence des oligarques ukrainiens et russes, aux brutalités policières et aux violations des droits de l'homme. Les lois répressives anti-manifestation ont alimenté la colère populaire. Un grand mouvement spontané de protestation et de barricades a occupé la place de l'Indépendance (Maidan) dans le centre de Kyiv pendant toute la durée du "Soulèvement de Maïdan".

En janvier et février 2014, les affrontements à Kyiv entre les manifestants et la police anti-émeute Berkut ont causé la mort de 108 manifestants et de 13 policiers, et blessé de nombreuses autres personnes. Les premiers manifestants ont été tués lors de violents affrontements avec la police dans la rue Hrushevsky du 19 au 22 janvier 2014. Par la suite, les manifestants ont occupé des bâtiments gouvernementaux dans tout le pays et le gouvernement Azarov a démissionné. Les affrontements les plus meurtriers ont eu lieu les 18 et 20 février 2014, période au cours de laquelle l'Ukraine a connu les violences les plus graves depuis qu'elle a recouvré son indépendance, en 1991. Des milliers de manifestants ont avancé vers le bâtiment du Parlement ukrainien (Rada), menés par des activistes munis de boucliers et de casques, et ont été la cible de tirs de snipers de la Berkut. Le 21 février 2014, Yanukovych et l'opposition parlementaire ont signé un accord visant à mettre en place un gouvernement intérimaire d'unité, des réformes constitutionnelles et des élections anticipées. La police abandonne le centre de Kyiv dans l'après-midi et les manifestants prennent le contrôle de la ville. Dans la soirée du même jour, Yanukovych a fui la ville en hélicoptère pour se réfugier, via le territoire biélorusse, dans la capitale russe Moscou.

Le lendemain, 22 février 2014, le Parlement ukrainien a voté la destitution de Yanukovych par 328 voix contre 0 (73% des 450 membres de la Rada). Depuis Moscou, Yanukovych a déclaré que ce vote était illégal et a demandé l'aide de la Russie. Le président Vladimir Poutine et le Kremlin ont condamné les événements en les qualifiant de "Coup d'Etat organisé et soutenu par l'Union Européenne et l'OTAN" (sic). Des manifestations pro-russes et contre-révolutionnaires éclatent dans le sud (en particulier la ville d'Odessa) et l'est de l'Ukraine (Donbass). En réponse à l'éviction de son pantin Yanukovych par la Rada, le 28 février 2014, Poutine ordonne alors l'invasion, l'occupation puis l'annexion de la Crimée, où il dispose, aux termes d'un accord militaire avec l'Ukraine, d'une importante base navale à Sébastopol.

Cette invasion russe de la Crimée, effectué par les forces de sécurité du FSB, du GRU et des forces spéciales russe Spetsnaz, en uniforme mais sans signe ou badge distinctif d'uniforme, les fameux "Petits Hommes Verts" [Little Green Men], s'est effectué le 27 février 2014, pratiquement sans opposition et sans tirer le moindre coup de feu. Le 16 mars 2014, pour "légitimer" et "légaliser" son crime d'agression et d'invasion, aux yeux de l'opinion publique russe, et après une parodie et un simulacre de "référundum populaire" condamné par les Nations-Unies, alors qu'il occupe de facto militairement la Crimée depuis un peu plus de deus semaines, Poutine a annoncé l'annexion officielle, tout aussi illégale que son invasion, de la Crimée et son rattachement à la Russie.

Dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, en mars 2014 des séparatistes pro-russes, armés clandestinement par la Russie, se sont emparés de bâtiments gouvernementaux et ont proclamé les "Etats indépendants de Donetsk et de Luhansk", fédérés dans une plus grande entité politique, la Novorossia ("Nouvelle-Russie"), déclenchant ainsi officiellement la guerre du Donbass le 7 avril 2014, avec l'intervention militaire russe (Armée régulière et société militaire privée Wagner) dans le Donbass, en soutien des séparatistes pro-russes. Le nom pompeux de Novorossia révèle de fait les véritables intentions et les buts de guerre de Poutine: faire main basse sur les richesses industrielles, minières et agricoles du Donbass ukrainien.

La Rada a rétabli les amendements de 2004 à la Constitution ukrainienne. Un gouvernement intérimaire, dirigé par Arseniy Yatsenyuk, signe l'accord d'association avec l'UE et dissout la police anti-émeute (Berkut). Petro Porochenko est devenu Président après avoir remporté les élections présidentielles de 2014. Le nouveau gouvernement a commencé à renvoyer les fonctionnaires associés au régime renversé de Yanukovych. La décommunisation (ou désoviétisation) du pays s'est également généralisée.

Sources principales:
Russian invasion of Ukraine (2022) (en.wikipedia.org)
Revolution of Dignity (18-23 février 2014) (en.wikipedia.org)

Dernière modification: 13 septembre 2023

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