1.3. Destitution et fuite de Yanukovych, et chute de son gouvernement (22-25 février 2014)

Le 21 février 2014, le président ukrainien Viktor Yanukovych et le Parlement ukrainien (Rada) ont déclaré que les 22 et 23 février seraient des jours de deuil "en raison de la perte de vies humaines à la suite de troubles de masse". Le lendemain matin, 22 février 2014, Yanukovych est introuvable et la Rada n'est pas informé du lieu où il se trouve. Des médias ont rapporté sans confirmation qu'il s'était envolé la veille au soir pour Kharkiv. Le gouverneur de l'Oblast de Kharkiv à l'époque, Mykhailo Dobkin, a déclaré plus tard que Yanukovych se trouvait à Kharkiv ce jour-là. Il a été annoncé que la plupart des ministres avaient disparu, y compris le Ministre de l'intérieur Vitaliy Zakharchenko, qui aurait fui vers la Biélorussie.

Ce jour-là, le Parlement ukrainien tient une session d'urgence. Le président du Parlement ukrainien, Volodymyr Rybak, a démissionné le matin même, invoquant la maladie. Le Parlement élit alors Oleksandr Turchynov au poste de président. En vertu de la Constitution de 2004, que le Parlement a voté pour rétablir les fonctions du gouvernement, les pouvoirs du président ukrainien Yanukovych [introuvable] sont transférés au président du Parlement [qui vient juste de démissionner], si le Président de la République ukrainienne démissionne ou se trouve dans l'incapacité d'exercer ses fonctions. L'ancienne constitution prévoyait que les pouvoirs du président ukrainien seraient alors transférés au Premier ministre ukrainien. Or le Premier ministre par intérim, Serhiy Arbuzov, était également absent.

Dans l'après-midi du 22 février 2014, la Rada a voté par 328 voix contre 0 [environ 73% des 450 membres du Parlement] la destitution du Président Viktor Yanukovych et l'organisation d'une élection présidentielle anticipée pour le 25 mai 2014. La résolution indique que Yanukovych s'est retiré de ses fonctions constitutionnelles, "ce qui menace la gouvernance de l'Etat, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine", et cite des "circonstances d'extrême urgence". La résolution visant à destituer Yanukovych a été soutenue par tous les partis d'opposition: 86 députés de Batkivshchyna (Parti de la patrie), 36 députés de Svoboda (Parti de la Liberté), 41 députés de l'Alliance Démocratique Ukrainienne pour la Réforme (UDAR), 30 députés du Parti Communiste, ainsi que 99 Indépendants. En outre, 36 députés du Parti des Régions de Yanukovych ont voté pour sa destitution. Il n'y a eu aucun vote contre. Parmi les députés restants, 115 étaient absents et 6 n'ont pas voté. Le Parlement n'a pas voté la mise en accusation du président, qui aurait impliqué l'inculpation formelle de Yanukovych, un examen de l'accusation par la Cour constitutionnelle d'Ukraine, et un vote à la majorité des trois quarts au Parlement: au moins 338 voix en faveur de la mise en accusation.

Photos ci-dessous: Après la destitution et la fuite du président ukrainien Yanukovych, le 22 février 2014, les Ukrainiens découvrent stupéfaits l'opulence et le train de vie fastueux de celui-ci. 1° Des milliers d'Ukrainiens ont afflué pour visiter l'opulente propriété de campagne du président ukrainien Viktor Yanukovych, après que celui-ci a fui la capitale Kyiv, de manière inattendue. 2° et 3° A l'intérieur de l'enceinte fortifiée connue sous le nom de Mezhyhirya, à environ 15km de Kyiv, des bâtiments luxueux se dressent au milieu de pelouses manucurées. 4° Pour de nombreux manifestants antigouvernementaux ukrainiens, cette opulence est un symbole de la corruption au plus haut niveau du gouvernement Yanukovych.

Le 23 février 2014, en vertu de la constitution ukrainienne de 2004, le Premier ministre, Oleksander Turchynov, est devenu Président ukrainien par intérim, et remplace Yanukovych. Turchynov a affirmé que Yanukovych avait accepté de démissionner de son poste et avait enregistré une déclaration de démission, mais qu'il avait changé d'avis après avoir consulté des conseillers. Yanukovych a déclaré qu'il ne démissionnerait pas et qu'il ne quitterait pas le pays. Il a qualifié les décisions du Parlement ukrainien d'"illégales", a ajouté que "les événements dont notre pays et le monde entier sont témoins sont un exemple de coup d'Etat", et les a comparés à la montée du Parti nazi dans l'Allemagne des années 1930.

A la suite des procédures parlementaires visant à transférer le pouvoir au nouveau gouvernement provisoire, le procureur général, Viktor Pshonka, et le Ministre des recettes et des droits, Oleksandr Klymenko, ont été arrêtés à la frontière russe alors qu'ils tentaient de fuir le pays. Selon le Service national des frontières, Yanukovych a également tenté de fuir par un vol charter depuis la ville de Donetsk, mais a été arrêté par les gardes-frontières. Les gardes ont été "accueillis par un groupe d'hommes armés qui leur ont proposé de l'argent pour voler sans les autorisations nécessaires". Yanukovych a ensuite quitté les lieux en voiture blindée, et l'on ne sait pas où il se trouve par la suite. L'ancien Ministre de l'intérieur, Vitaliy Zakharchenko, a également tenté de quitter la ville de Donetsk par avion et a été refoulé de la même manière.

Le 23 février 2014, le député Oleh Lyashko a affirmé que Yanukovych avait été vu dans la base navale russe de Sébastopol, se préparant à fuir l'Ukraine à bord d'un navire militaire russe. La journaliste Tetyana Chornovol a émis l'hypothèse qu'il essayait en fait de fuir sur son yacht privé, également à Sébastopol. Selon le témoignage d'un garde du corps, Yanukovych et sa famille se sont rendus de Kharkiv à Donetsk en hélicoptère, puis à Berdiansk sur la mer d'Azov, d'où ils ont été transportés par des avions portant des marquages militaires russes, via deux autres aérodromes, jusqu'à une installation russe à Yalta, en Crimée, puis jusqu'à la base russe de Sébastopol, d'où ils sont repartis le 23 février 2014 en fin de journée.

Le 24 février 2014, le Ministre de l'intérieur par intérim, Arsen Avakov, annonce que Yanukovych a été placé sur la liste des personnes les plus recherchées du pays et qu'"une procédure pénale pour massacre de civils a été ouverte" à son encontre et à l'encontre d'autres responsables.

Le 25 février 2014, le Parlement ukrainien a demandé à la Cour Pénale Internationale (CPI), à La Haye aux Pays-Bas, d'"établir et de traduire en justice de hauts responsables ukrainiens, y compris [...] Yanukovych, pour crimes contre l'humanité lors des manifestations pacifiques du 21 novembre 2013 au 22 février 2014". Le même jour, Yanukovych et Zakharchenko ont été déclarés internationalement recherchés. Des poursuites pénales ont été engagées dans le cadre des meurtres de manifestants de l'Euromaidan du 20 février 2014. Viktor Yanukovych, l'ancien chef de l'administration présidentielle, Andriy Kliuyev, l'ancien Procureur général, Viktor Pshonka, l'ancien Ministre de l'intérieur, Vitaliy Zakharchenko, l'ancien chef du SBU, Oleksandr Yakymenko, le commandant des troupes de l'intérieur, Stanislav Shuliak, et un certain nombre d'autres personnes ont été déclarés suspects dans cette affaire.

Sources principales:
Russian invasion of Ukraine (2022) (en.wikipedia.org)
Revolution of Dignity (18-23 février 2014) (en.wikipedia.org)

Dernière modification: 14 septembre 2023

1.2. "Révolution de la Dignité" (18-23 février 2014)

La "Révolution de la Dignité" (Ukrainien romanisé: Revoliutsiia hidnosti), également appelée "Révolution de Maidan" ou encore "Révolution ukrainienne de 2014", a eu lieu en Ukraine entre les 18 et 23 février 2014, à la fin des manifestations de l'Euromaïdan, lorsque des affrontements meurtriers entre les manifestants et les forces de l'Etat dans la capitale Kyiv ont abouti à l'éviction du président élu Viktor Yanukovych par le Parlement ukrainien, et à un retour à la Constitution de 2004. Tous ces évenements ont conduit directement à l'invasion et à l'annexion de la Crimée par la Russie, respectivement les 1er et 8 mars 2014, à l'intervention militaire russe dans le Donbass, en soutien des deux entitées séparatistes pro-russes de Donetsk et de Luhansk, rassemblées en Novorossia ["Nouvelle Russie"], et finalement au déclenchement de la guerre russo-ukrainienne de 2014-2022 dans le Donbass, le 7 avril 2014.

Le 21 novembre 2013, une vague de manifestations à grande échelle, connue sous le nom Euromaidan, a débuté en réponse à la décision soudaine du président ukrainien pro-russe Viktor Yanukovych de ne pas signer un accord d'association politique et de libre-échange économique avec l'Union Européenne (UE), préférant resserrer les liens avec la Russie. Au début de cette année 2013, la Verkhovna Rada (Parlement ukrainien) avait approuvé à une écrasante majorité la finalisation de l'"Accord d'association" avec l'UE. La Russie a alors fait pression sur l'Ukraine pour qu'elle le rejette. La portée des manifestations s'est élargie, avec des appels à la démission de Yanukovych et du gouvernement Azarov. Les manifestants ukraniens se sont opposés à ce qu'ils considéraient comme une corruption généralisée de leur gouvernement et un abus de pouvoir, à l'influence des oligarques ukrainiens et russes, aux brutalités policières et aux violations des droits de l'homme. Les lois répressives anti-manifestation ont alimenté la colère populaire. Un grand mouvement spontané de protestation et de barricades a occupé la place de l'Indépendance (Maidan) dans le centre de Kyiv pendant toute la durée du "Soulèvement de Maïdan".

En janvier et février 2014, les affrontements à Kyiv entre les manifestants et la police anti-émeute Berkut ont causé la mort de 108 manifestants et de 13 policiers, et blessé de nombreuses autres personnes. Les premiers manifestants ont été tués lors de violents affrontements avec la police dans la rue Hrushevsky du 19 au 22 janvier 2014. Par la suite, les manifestants ont occupé des bâtiments gouvernementaux dans tout le pays et le gouvernement Azarov a démissionné. Les affrontements les plus meurtriers ont eu lieu les 18 et 20 février 2014, période au cours de laquelle l'Ukraine a connu les violences les plus graves depuis qu'elle a recouvré son indépendance, en 1991. Des milliers de manifestants ont avancé vers le bâtiment du Parlement ukrainien (Rada), menés par des activistes munis de boucliers et de casques, et ont été la cible de tirs de snipers de la Berkut. Le 21 février 2014, Yanukovych et l'opposition parlementaire ont signé un accord visant à mettre en place un gouvernement intérimaire d'unité, des réformes constitutionnelles et des élections anticipées. La police abandonne le centre de Kyiv dans l'après-midi et les manifestants prennent le contrôle de la ville. Dans la soirée du même jour, Yanukovych a fui la ville en hélicoptère pour se réfugier, via le territoire biélorusse, dans la capitale russe Moscou.

Le lendemain, 22 février 2014, le Parlement ukrainien a voté la destitution de Yanukovych par 328 voix contre 0 (73% des 450 membres de la Rada). Depuis Moscou, Yanukovych a déclaré que ce vote était illégal et a demandé l'aide de la Russie. Le président Vladimir Poutine et le Kremlin ont condamné les événements en les qualifiant de "Coup d'Etat organisé et soutenu par l'Union Européenne et l'OTAN" (sic). Des manifestations pro-russes et contre-révolutionnaires éclatent dans le sud (en particulier la ville d'Odessa) et l'est de l'Ukraine (Donbass). En réponse à l'éviction de son pantin Yanukovych par la Rada, le 28 février 2014, Poutine ordonne alors l'invasion, l'occupation puis l'annexion de la Crimée, où il dispose, aux termes d'un accord militaire avec l'Ukraine, d'une importante base navale à Sébastopol.

Cette invasion russe de la Crimée, effectué par les forces de sécurité du FSB, du GRU et des forces spéciales russe Spetsnaz, en uniforme mais sans signe ou badge distinctif d'uniforme, les fameux "Petits Hommes Verts" [Little Green Men], s'est effectué le 27 février 2014, pratiquement sans opposition et sans tirer le moindre coup de feu. Le 16 mars 2014, pour "légitimer" et "légaliser" son crime d'agression et d'invasion, aux yeux de l'opinion publique russe, et après une parodie et un simulacre de "référundum populaire" condamné par les Nations-Unies, alors qu'il occupe de facto militairement la Crimée depuis un peu plus de deus semaines, Poutine a annoncé l'annexion officielle, tout aussi illégale que son invasion, de la Crimée et son rattachement à la Russie.

Dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, en mars 2014 des séparatistes pro-russes, armés clandestinement par la Russie, se sont emparés de bâtiments gouvernementaux et ont proclamé les "Etats indépendants de Donetsk et de Luhansk", fédérés dans une plus grande entité politique, la Novorossia ("Nouvelle-Russie"), déclenchant ainsi officiellement la guerre du Donbass le 7 avril 2014, avec l'intervention militaire russe (Armée régulière et société militaire privée Wagner) dans le Donbass, en soutien des séparatistes pro-russes. Le nom pompeux de Novorossia révèle de fait les véritables intentions et les buts de guerre de Poutine: faire main basse sur les richesses industrielles, minières et agricoles du Donbass ukrainien.

La Rada a rétabli les amendements de 2004 à la Constitution ukrainienne. Un gouvernement intérimaire, dirigé par Arseniy Yatsenyuk, signe l'accord d'association avec l'UE et dissout la police anti-émeute (Berkut). Petro Porochenko est devenu Président après avoir remporté les élections présidentielles de 2014. Le nouveau gouvernement a commencé à renvoyer les fonctionnaires associés au régime renversé de Yanukovych. La décommunisation (ou désoviétisation) du pays s'est également généralisée.

Sources principales:
Russian invasion of Ukraine (2022) (en.wikipedia.org)
Revolution of Dignity (18-23 février 2014) (en.wikipedia.org)

Dernière modification: 13 septembre 2023

1.1. Soulèvement populaire de l'Euromaidan (Novembre 2013 - Février 2014)

"Euromaidan", également appelé "Soulèvement de Maidan", est une vague de manifestations et de troubles civils en Ukraine, qui a débuté le 21 novembre 2013 par de grandes manifestations sur Maidan Nezalezhnosti [Place de l'Indépendance], à Kyiv. Ces manifestations ont été déclenchées par la décision soudaine du président pro-russe Viktor Yanukovych de ne pas signer l'"Accord d'Association" entre l'Union Européenne et l'Ukraine, préférant se rapprocher de la Russie et de l'Union Economique eurasienne. Le Parlement ukrainien avait approuvé à une écrasante majorité la finalisation de l'accord avec l'UE, mais la Russie avait fait pression sur l'Ukraine pour qu'elle le rejette. La portée des manifestations populaires s'est amplifiée, avec des appels à la démission de Yanukovych et du gouvernement Azarov. Les manifestants ukrainiens se sont opposés à ce qu'ils considéraient comme une corruption généralisée de leur gouvernement, des abus de pouvoir, des violations des droits de l'homme, et l'influence des oligarques ukrainiens et russes sur la politique du pays. Transparency International a désigné Yanukovych comme le meilleur exemple de corruption dans le monde. Le 30 novembre 2013, la dispersion violente des manifestants a suscité une colère encore plus grande parmis la population. Le 18 février 2014, Euromaidan a finalement débouché sur la "Révolution de la dignité".

Pendant le soulèvement, la Place de l'Indépendance (Maidan) à Kyiv était un immense rassemblement de protestation, constitué par des milliers de manifestants et protégé par des barricades de fortune. Il comprenait des cuisines, des postes de secours et des installations de diffusion, ainsi que des scènes pour les discours, les conférences, les débats et les spectacles. Il était gardé par des unités d'"autodéfense du Maidan" composées de volontaires portant des uniformes et des casques improvisés, des boucliers et armés de bâtons, de pierres et de Cocktail Molotov. Des manifestations ont également eu lieu dans de nombreuses autres régions d'Ukraine. A Kyiv, des affrontements ont eu lieu avec la police le 1er décembre 2013, et la police a attaqué les contestataires le 11 décembre 2013. Les manifestations se sont multipliées à partir de la mi-janvier 2014, en réponse à l'introduction par le gouvernement de Yanukovych de lois anti-manifestation draconiennes. Des affrontements meurtriers ont eu lieu dans la rue Hrushevsky du 19 au 22 janvier 2014. Les manifestants ukrainiens ont ensuite occupé des bâtiments gouvernementaux dans de nombreuses régions d'Ukraine. Le soulèvement a atteint son paroxysme les 18 et 20 février 2014, lorsque de violents affrontements à Kyiv, entre les militants du Maïdan et la police ont entraîné la mort de près de 100 manifestants et de 13 policiers.

Carte des manifestations Euromaidan en Ukraine (Novembre 2013 - Fevrier 2014):


Selon les sondages de décembre 2013, réalisés par trois instituts de sondage différents, entre 45% et 50% des Ukrainiens ont soutenu l'Euromaidan, tandis qu'entre 42% et 50% s'y sont opposés. C'est à Kyiv [environ 75%] et dans l'ouest de l'Ukraine [plus de 80%] que le soutien à l'Euromaidan a été le plus important. Parmi les manifestants de l'Euromaidan, 55% étaient originaires de l'ouest du pays, 24% du centre de l'Ukraine et 21% de l'est.

En janvier 2014, une étude de l'opinion publique dans les médias réguliers et les réseaux sociaux a révélé que 74% des Russophones d'Ukraine soutenaient le mouvement Euromaïdan et qu'un quart s'y opposait.

D'autre part, un sondage réalisé en novembre 2013 par l'Institut international de sociologie de Kyiv a montré que 39% des Ukrainiens étaient favorables à l'entrée du pays dans l'Union Européenne, et 37% à l'adhésion de l'Ukraine à l'Union douanière de la Biélorussie, du Kazakhstan et de la Russie.

En décembre 2013, le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, a réfuté les chiffres des sondages pro-UE en affirmant que de nombreux sondages posaient des questions sur l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, et que l'Ukraine n'avait jamais été invitée à rejoindre l'UE, mais seulement à signer l'accord d'association avec l'Union Européenne.

Le mouvement de protestation populaire avait commencé pacifiquement, mais des violences ont éclaté, en particulier en janvier et février 2014. L'Associated Press a déclaré le 19 février 2014:

"Le dernier épisode de violence de rue a commencé mardi lorsque les manifestants ont attaqué les lignes de police et mis le feu devant le parlement, accusant Yanukovych d'ignorer leurs demandes de promulguer des réformes constitutionnelles qui limiteraient ses pouvoirs présidentiels - une demande clé de l'opposition. Le Parlement, dominé par les partisans de Yanukovych, ne parvient pas à adopter une réforme constitutionnelle visant à limiter les pouvoirs présidentiels. La police a réagi en attaquant le mouvement de protestation. Armés de canons à eau, de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc, les policiers ont démantelé certaines barricades. Mais les manifestants ont tenu bon toute la nuit, encerclant le camp de protestation avec de nouvelles barricades enflammées faites de pneus, de meubles et de débris."

Dans les premiers temps de l'Euromaidan, la question de savoir si le mouvement constituait une révolution a été débattue. A l'époque, de nombreux leaders de la contestation [comme Oleh Tyahnybok] avaient déjà utilisé ce terme fréquemment lorsqu'ils s'adressaient au public. Dans un communiqué de presse officiel publié le 2 décembre 2013, Tyahnybok a appelé les policiers et les militaires à rejoindre la "révolution ukrainienne"

Le 10 décembre 2013, Yanukovych a déclaré: "Les appels à la révolution constituent une menace pour la sécurité nationale." L'ancien président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, a décrit le mouvement comme "la première révolution géopolitique du 21ème siècle."

Sources principales:
Russian invasion of Ukraine (2022) (en.wikipedia.org)
Euromaidan (2013-2014) (en.wikipedia.org)

Dernière modification: 12 septembre 2023

1. Contexte historique

Après la dissolution de l'Union Soviétique (URSS) en 1991, les nouvelles Républiques indépendantes d'Ukraine et de Russie ont maintenu des liens. En 1994, l'Ukraine a accepté de signer le Traité de non-prolifération nucléaire et de démanteler les armes nucléaires laissées en Ukraine par l'URSS. L'Ukraine, à ce moment, est la troisième puissance nucléaire du monde, avec 1,400 ogives nucléaires, et des vecteurs ou bombardiers lourds Tu-16 Badger et Tu-22 Blinder dans ses forces aériennes stratégiques, doit donc rétrocéder toutes ses armes stratégiques à la Russie. En échange, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis se sont engagés dans le Mémorandum de Budapest, le 5 décembre 1994, à "respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières de 1991".

Le 19 novembre 1999, lors du 6ème sommet de l'Organisation de Sécurité et de Coopération en Europe (OSCE), la Russie a signé la Charte de Sécurité Européenne, qui "réaffirme le droit inhérent de chaque Etat participant d'être libre de choisir ou de modifier ses arrangements en matière de sécurité, y compris les traités d'alliance". Après la dissolution de l'Union Soviétique, plusieurs pays de l'ancien bloc de l'Est ont adhéré à l'OTAN, en partie en raison de menaces pour la sécurité régionale telles que la crise constitutionnelle russe de 1993, la guerre en Abkhazie (1992-1993) et la première guerre de Tchétchénie (1994-1996). Le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé que les membres de l'OTAN avaient promis en 1990 de ne laisser aucun pays d'Europe de l'Est adhérer à l'Alliance Atlantique, mais cette affirmation est contestée.

Lors du 20ème Sommet de l'OTAN à Bucarest, entre les 2 et 4 avril 2008, l'Ukraine et la Géorgie ont demandé à adhérer à l'OTAN. La réponse des membres de l'OTAN a été divisée, les pays d'Europe occidentale craignant de contrarier la Russie. Plusieurs membres (France, Allemagne, Italie, Espagne) ont refusé de permettre à l'Ukraine et à la Géorgie d'adhérer à l'OTAN, mais son Secrétaire Général, le néerlandais Jaap de Hoop Scheffer, a également publié une déclaration dans laquelle il s'engage à ce que les deux pays deviennent un jour membres de l'OTAN. De Hoop Scheffer a déclaré: "Nous sommes convenus aujourd'hui que ces pays deviendront membres de l'OTAN". Poutine s'est fermement opposé aux offres d'adhésion à l'OTAN. Le Ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a ensuite déclaré que la Russie ferait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher l'admission de ces deux pays à l'Alliance Atlantique.

Quelques mois plus tard, du 7 au 12 août 2008, la Russie a envahi la Géorgie et annexé la région pro-russe de l'Ossetie du Sud. Du 14 août 1992 au 27 septembre 1993, la Géorgie avait déjà été victime d'une première guerre contre les séparatistes pro-russes de l'Abkhasie, dans le Sud-Caucase, et avait dû céder cette région sécessionniste aux pro-Russes sous le contrôle de Moscou.

Sources principales:
Russian invasion of Ukraine (2022) (en.wikipedia.org)
War in Abkhasia (1992-1993) (en.wikipedia.org)

Dernière modification: 12 septembre 2023

Introduction et présentation

Le 24 février 2022, la Russie a envahi l'Ukraine dans le cadre d'une extension de la guerre russo-ukrainienne, qui a débuté en février 2014 par l'invasion et l'annexion de la Crimée. L'invasion russe de 2022 a fait des dizaines de milliers de morts dans les deux camps. Les forces russes se sont rendues coupables de pertes civiles massives et de tortures sur les soldats ukrainiens capturés. En juin 2022, environ 8 millions d'Ukrainiens avaient été déplacés à l'intérieur du pays. Plus de 8.2 millions d'autres avaient fui le pays en mai 2023, devenant ainsi la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Les dommages environnementaux considérables, largement décrits comme un écocide, ont contribué aux crises alimentaires dans le monde entier.

Avant l'invasion, les troupes russes se sont massées près des frontières de l'Ukraine, tandis que les responsables russes ont nié tout projet d'invasion. Le 21 février 2022, le président russe Vladimir Poutine annonce une "opération militaire spéciale" pour soutenir les "Républiques" séparatistes de Donetsk et de Luhansk, soutenues par la Russie, dont les forces paramilitaires combattent l'Armée ukrainienne dans le conflit du Donbass depuis 8 ans. Le lendemain, 22 février 2022, Poutine annonce solennelement l'"indépendance" et la reconnaissance des deux entités séparatistes pro-russes du Donbass par la Russie. Il a adopté des positions irrédentistes, a contesté le droit à l'existence de l'Ukraine, dont l'indépendance a pourtant été reconnue par le Kremlin en 1991, et a prétendu à tort que l'Ukraine était gouvernée par des néo-nazis persécutant la minorité russe dans l'est et le sud de l'Ukraine. Il a affirmé que l'objectif était de "démilitariser" et de "dénazifier" l'Ukraine. Les frappes aériennes et une invasion terrestre russes ont été lancées à grande échelle, sur un front nord allant du Belarus vers Kiev, un front nord-est vers Kharkiv, un front sud-ouest à partir de la Crimée, et un front sud-est à partir des deux "républiques" séparatistes du Donbass. En réaction, l'Ukraine a décrété la loi martiale et ordonné la mobilisation générale.

Les troupes russes se retirent du front nord le 4 avril 2022. Sur les fronts sud et sud-est, la Russie s'est emparée de Kherson en mars 2022 et de Mariupol en mai 2022, après un siège destructeur. Le 18 avril 2022, la Russie lance une nouvelle offensive dans le Donbass. Les forces russes continuent de bombarder quotidiennement des cibles militaires et civiles loin de la ligne de front, y compris le réseau énergétique, au cours de l'hiver 2022-2023. Début septembre 2022, l'Ukraine a lancé deux contre-offensives, dans le sud-ouest et le nord-est du pays. Peu après, le 30 septembre 2022, la Russie a annoncé l'annexion illégale des quatre Oblasts partiellement occupés par les Russes, à savoir Kherson, Zaporizhzhia, Donetsk et Luhansk. Le 11 novembre 2022, l'Armée ukrainienne a repris une partie de l'Oblast de Kherson, y compris la ville de Kherson elle-même. Le 4 juin 2023, les forces ukrainiennes lancent une nouvelle contre-offensive dans le sud, le sud-est et l'est de l'Ukraine.

L'invasion russe est condamnée par la communauté internationale. L'Assemblée Générale des Nations Unies a adopté une résolution condamnant l'invasion de Poutine, et exigé un retrait total de l'Armée russe. La Cour Internationale de Justice a ordonné à la Russie de suspendre ses opérations militaires en Ukraine et le Conseil de l'Europe a expulsé la Russie. De nombreux pays, en grande majorité occidentaux, ont imposé des sanctions à la Russie et à son allié, la Biélorussie, et ont fourni une aide humanitaire et militaire à l'Ukraine. Des manifestations ont eu lieu dans le monde entier, les manifestants anti-guerre en Russie ayant fait l'objet d'arrestations massives, de répressions féroces et d'une censure accrue des médias indépendants russes. Plus de 1,000 entreprises occidentales ont quitté la Russie et la Biélorussie, en réaction à l'invasion russe. Enfin, La Cour Pénale Internationale (CPI) a ouvert une enquête sur d'éventuels crimes contre l'humanité, crimes de guerre, enlèvements et déportations d'enfants ukrainiens, et crimes de génocide commis par la Russie. Elle a délivré deux mandats d'arrêt internationaux à l'encontre du président russe Vladimir Poutine, et de sa "Présidente de la Commission pour les Droits de l'Enfant", Maria Lvova Belova, le 17 mars 2023.

Sources principales:
Russian invasion of Ukraine (2022) (en.wikipedia.org)

Dernière modification: 11 septembre 2023